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Depuis des mois, avec l’appui récent d’Associations environnementales agréées
(« Convergence »), je mets en garde les Elus du SITCAT quant aux conséquences désastreuses du
choix de tracé retenu pour la première ligne de tramway. Notamment le parti de reconstruire le
« Pont de Vendée » sur le Cher afin d’assurer la desserte du nouveau quartier des Deux Lions, dans
une zone classée « inondable d’aléa très fort », et située sur l’un des tronçons les plus névralgiques et
exposés de tout le bassin de la Loire. Ce qui non seulement est un choix risqué mais illégal. La
reconstruction de cet ouvrage est ici soumise à autorisation administrative au titre de la « Loi sur
l’Eau ».
D’inquiétants dysfonctionnements des rouages de l’Etat dans la conduite de cette procédure décisionnelle ont été constatés. Les nombreux avertissements adressés aux Elus, Administrations, Ministères… et dénonçant l’impéritie de nos décideurs sont jusqu’ici restés lettres mortes. Au niveau des autorités de tutelle chacun se renvoie la « patate chaude ». Monsieur le Directeur Délégué aux risques majeurs, pourtant chargé d’assurer la sécurité des citoyens, ne daigne même pas répondre à un pli recommandé l’informant des enjeux. Le cabinet du Ministère de l’Ecologie et des Transports fait part de mes « préoccupations au Préfet d’Indre et Loire », « représentant de l’Etat au niveau local, qui ne manquera pas d’étudier ce dossier et de vous tenir directement informé des suites qui lui seront réservées ». J’attends désespérément « les suites réservées… ». Manifestement moins d’un an après la tempête Xynthia engageant lourdement les responsabilités de l’Etat, ces Messieurs n’ont toujours rien compris et continuent de mettre en danger la sécurité des citoyens et de leurs biens. Où sont passés les engagements tonitruants du Chef de l’Etat au lendemain de cette catastrophe (65 morts ; 3,3 MM d’€ de factures pour les assurés) ? Promesses « de ne plus rien laisser construire en zone inondable », « de doter d’ici trois ans toutes les communes en zones à risque d’un P.P.R. et d’un Plan de Sauvegarde » (Discours de la Roche sur Yon le 16 mars 2010) ? Alors que tous les médias titrent « 2010 année record des cataclysmes », sur le terrain chacun constate que persistent toutes les carences de prévention qui demain transformeront « l’aléa naturel très fort » en catastrophe aux conséquences imprévisibles. Le futur pont de Vendée (sous un autre nom, sûrement). J'ai vu à plusieurs reprises la voie piétonne largement submergée par les eaux. A.B. (illustration du dossier d'enquête tome 2 E4 page 84 et du calendrier Sitcat 2011) Faut-il rappeler à nos décideurs que le quartier des « Deux Lions » n’est pas seulement l’image moderne et sympathique que l’on cherche à promouvoir depuis quinze ans. C’est aussi un polder, reliquat d’un projet d’urbanisation mégalo d’un grand Maire du siècle dernier. Chantier d’abord critiqué puis repris par son successeur. Des sommes colossales ont été engagées pour endiguer et mettre hors d’eau (remblais de 2 à 5 m) ces 70 Ha avec des implications hydrologiques et environnementales dénoncées à l’époque, y compris par certains « écologistes » aujourd’hui aux manettes du pouvoir municipal et affectés d’une brutale amnésie. Chantier ensuite interdit par l’Etat, enfin conscient des risques liés à l’urbanisation en zone inondable, et de la vulnérabilité aggravée pour les communes voisines du Val de Cher d'amont et d'aval ( Plan Loire 1994). Et le Cher n’est pas ici la paisible et nonchalante rivière apparente. Il s’agit d’un endroit très exposé, longtemps resté « coulée verte » prudemment délaissée par l’urbanisation. Tout a changé depuis un demi siècle où le lancement de l’opération « Rives du Cher » (1961) par J. ROYER impliquait la maîtrise et l’artificialisation du lit mineur. Après de complexes études d’impact sur maquettes de l’écoulement des crues (SOGREAH 1970 ; Laboratoire National d’Hydrologie de Chatou 1988-89), le lit du Cher fut totalement artificialisé, « rescindé », endigué, afin d’éviter la submersion des prairies du Cher destinées à l’urbanisation : Grande Rivière (aujourd’hui Quartier des Fontaines), Gloriette (Quartier des Deux Lions).Et pour maîtriser les plus redoutables crues septentennales ou centennales, un puissant barrage, prévu à l’amont du bassin (Chambonchard, 1986) devait sécuriser le dispositif. Les hydrologues et hydrauliciens restent néanmoins très sceptiques quant à la capacité de ces endiguements à contenir de grandes crues. Inquiétudes renforcées lors des dernières crues décennales (2003-cote 3,40): l'endiguement au droit de Tours a aggravé l'amplitude des crues dans les communes amont (Cf. Montlouis) et accru leur violence dans les communes aval, validant ainsi les modélisations de L.N.H. De Chatou. Résisteraient-ils seulement à des crues de récurrence cinquantennale comme celles de 1940 ou 1982 ( cette dernière provoquée sur le Cher par remous de Loire) ? A-t-on déjà oublié que face à l'onde il fut un temps question d’ouvrir le déversoir du Vieux Cher en janvier 1982, ce qui a été évité in extremis? Ce choix aurait provoqué la submersion de tout le lit du Vieux Cher, se répercutant jusqu’à la Gloriette. La question est d’autant plus opportune que le projet de barrage de Chambonchard a été abandonné. Et que le choix d’un endiguement systématique a montré ses limites d’efficacité au XIXè siècle sur la Loire. De plus l’effet atténuateur sur les crues, par vases communicants, du Canal Cher-Loire (1828) un temps constaté au XIXè n’est plus de mise avec la destruction de ce dernier dans les années 1960 pour laisser place à l’A10. Pour toutes ces raisons le nouveau chenal artificialisé reste l’objet d’une sollicitude inquiète… Et le projet de reconstruction du Pont de Vendée semble relever au mieux de l’ignorance, au pire de l’inconscience. Se pose en effet la question cruciale de la pertinence et de la fiabilité des études d’impact hydrologique sur maquette : depuis vingt ans aucune crue importante du Cher n’ayant permis de les valider. A ce jour pas un spécialiste d’hydrologie n’est capable d’imaginer objectivement l’impact matériel d’une crue centennale. Circonstance aggravante, la procédure d’Enquête Publique préalable à la DIG Loi sur l’Eau permettant de reconstruire ce pont repose sur un ensemble d’irrégularités juridiques et une cascade de paramètres hydrologiques aléatoires qui ne manquent pas d’inquiéter.
Le Pont de Vendée n’est pas un ouvrage anodin. Il se localise au milieu d’un immense chantier expérimental d’hydrologie appliquée, grandeur nature, lancé voilà 40 ans…Ce chantier prométhéen était alors considéré comme le plus important d’Europe, mais aussi des plus risqués : l’artificialisation du lit du Cher sur près de 5 km, dans un secteur névralgique puisque les digues prévues supprimaient sur toute cette longueur les aires naturelles d’expansion des crues du Cher. Mais aussi de celles de la Loire puisque deux déversoirs écréteurs sont implantés un peu en aval. Cette expérience d’hydrodynamique fluviale a impacté de façon considérable l’écoulement et la morphologie des fonds alluviaux du lit artificialisé. A ce jour aucune évaluation scientifique de ce chantier n’a été effectuée et aucun hydrologue sérieux n’est capable d’imaginer comment de grandes crues historiques comme celles du XIXè se comporteraient dans le nouveau chenal, sauf qu'elles provoqueraient une catastrophe d’une violence inouïe. Pas question de laisser reconstruire un Pont de Vendée dont le choix de démolition s’intégrait, dans les années 60, à ce chantier expérimental. Le tramway peut passer ailleurs.
François LOUAULT,
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Objet : mon recours en référé auprès du Tribunal Administratif d’Orléans demandant la suspension des travaux de construction d’un pont sur le Cher sur la commune de Tours par le SITCAT.
Depuis plus d’un an, avec l’appui des Associations environnementales agréées et des riverains (Collectif « Convergence ») je mets en garde le SITCAT sur les conséquences inacceptables de la reconstruction du Pont de Vendée sur le Cher afin d’assurer la desserte du quartier des Deux Lions par le futur tramway de Tours. Cet ouvrage dangereusement sous dimensionné se localise dans un secteur d’aléa inondation maximum et dans le périmètre d’un chantier d’endiguement et de remblaiement interdit par le Ministre de l’Environnement (M.BARNIER) en janvier 1994 (« Plan Loire Grandeur Nature »). Ce pont fera obstacle à l’écoulement des crues importantes qui submergeront les digues en place, inondant les quartiers Bergeonnerie, Deux Lions, Rives du Cher (P.J.2 : cartographie de la modélisation INGEROP ; P.J.3 : analyse des résultats crues modélisées). L’Arrêté préfectoral autorisant la reconstruction de cet ouvrage témoigne d’innombrables négligences coupables, et de dysfonctionnements à tous les étages de la chaîne de contrôle décisionnelle technico-administrative. Averti de ces motifs le Maître d’ouvrage fait le forcing pour achever la construction de ce pont en un temps record, au mépris des règlements : prescriptions du PPRI, du SDAGE, afin de prendre de vitesse les riverains exposés et la justice. Devant la gravité des faits nous avons alerté les plus hautes Autorités de l’Etat et demandé l’application du principe de précaution dans l’attente des expertises et « études de danger » sur les digues qu’imposent les Lois de la République. En vain. C’est pourquoi j’ai décidé en tant qu’Universitaire (Agrégé, Docteur de l’Université), géographe spécialisé en hydrologie, et pour des motivations citoyennes évidentes, de déposer un recours en référé auprès du T.A. d’Orléans demandant la suspension des travaux de construction de cet ouvrage dans l’attente d’un jugement sur le fond de l’autorisation préfectorale contestée. Cette démarche s’appuie sur la Charte de l’Environnement inscrite dans notre Constitution depuis 2005. Précisément son Article 5 : le pont en construction sur le Cher « pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement » en cas de crues importantes. Les Autorités n’ont pas « mis en œuvre de procédures d’évaluation des risques ni adopté de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ». Le Président du SITCAT (Maître d’ouvrage) et Monsieur le Préfet, représentant de l’Etat n’ont pas prévenu cette atteinte portée à l’environnement (risques accrus d’inondation) ni essayé d’en limiter les conséquences. Ce recours s’inscrit également en application de l’Article 2 de cette même Charte de l’Environnement : « toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement ». |
J’apprends par voie de presse (NR de ce matin 25 octobre) et avant même d’en avoir été personnellement avisé par le T.A. d’Orléans le rejet de ma requête contestant en urgence la reconstruction du Pont de Vendée sur le Cher afin d’assurer la desserte du quartier des « Deux Lions » par la première ligne de tramway de Tours. Ayant eu tout au long de la procédure souci de discrétion (justice oblige), je trouve la démarche assez cavalière sur le plan déontologique, d’autant plus que le compte-rendu de l’ordonnance du Juge des référés se trouve agrémenté d’amalgames insupportables. Rappelons que je ne suis à ce jour encarté dans aucun parti politique ni aucune association locale.
Le Juge des référés estime que ma requête demandant la suspension de ce chantier ne démontre pas « la condition d’urgence ». Ce même argument m’avait déjà été opposé en mai sur un recours portant sur la DUP, auquel j’avais tenu à m’associer pour dénoncer ce projet d’ouvrage. J’attends avec impatience le jugement de ces requêtes au fond. Et d’ici là j’envisage avec mes conseils toutes les possibilités de suspendre ce chantier au regard du principe de précaution. |
Alain Beyrand
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